La transformation de la télémédecine et l’essor de la santé virtuelle

Par Catherine Barras

Ce qui était auparavant une ambition pour la télémédecine est aujourd’hui devenu une réalité. Dans de nombreuses régions du monde, il est devenu inutile d’appeler pour prendre un rendez-vous médical, de se rendre dans un établissement, de remplir des documents administratifs et de poursuivre par un rendez-vous en personne. Les innovations technologiques permettent aux patients de bénéficier des soins nécessaires sans quitter leur domicile.
Des réformes ont été lancées dans de nombreux pays pour réorganiser le système de santé et redéfinir les modes de prestation et de distribution de soins. Ces réformes ont pour ambition de réaliser le quadruple objectif de la santé : améliorer l’expérience des patients, obtenir de meilleurs résultats, renforcer les moyens pour le personnel d’accomplir ses tâches, et réduire les coûts.

Les prestataires de soins de santé contribuent à ces réformes en modernisant leurs applications, qui constituent un élément essentiel de la pile technologique d’entreprise. Les financements et l’émergence de nouveaux modèles de soins intégrés encouragent les réseaux de prestation de soins à aligner leur offre par paliers, grâce à des capacités numériques et virtuelles.

Vers l’avenir de la santé

Au cours des mois précédents, l’utilisation des technologies par les organisations de santé a très fortement augmenté. Les organisations de santé en ont fait un usage très innovant. Nombre d’organisations ont désormais recours à des plates-formes collaboratives telles que Microsoft Teams et Zoom pour mener des consultations à distance avec les patients. Ces organisations utilisent également des plates-formes mobiles, intégrant des algorithmes d’apprentissage automatique (AA) et d’intelligence artificielle (IA). Des robots de conversation permettent aux patients de ces organisations d’évaluer eux-mêmes leurs symptômes, et de trouver un centre de dépistage ou de soins à proximité.

Les possibilités d’optimisation des soins grâce aux outils numériques sont nombreuses, qu’il s’agisse de dépister, de procéder à un tri des patients, d’établir un diagnostic, de mettre en place un traitement, ou encore de suivre une convalescence. Des solutions d’entreprises spécialisées dans l’intelligence artificielle, comme Infermedica et Ada, peuvent être déployées pour aider les patients à mieux s’orienter, voire à bénéficier de soins virtuels si ce mode leur est adapté.

Certaines entreprises proposent des outils basés sur l’intelligence artificielle permettant d’automatiser la surveillance des signes vitaux du patient, tels que sa fréquence cardiaque, sa température, sa tension artérielle ou encore sa saturation en oxygène. Par exemple, Binah.ai utilise l’IA et le traitement des signaux pour mesurer les signes vitaux des patients grâce à l’appareil photo du téléphone mobile. De plus, Biofourmis a développé une plate-forme de surveillance à distance des patients basée sur l’IA, avec pour objectif de proposer au patient des services de médecine prédictive personnalisés. La plate-forme a été déployée par le Ministère de la Santé de Singapour pour surveiller à distance les patients testés positifs au virus particulièrement virulent qui touche actuellement le monde entier.

Des soins globaux, grâce aux plates-formes de soins virtuels

Des plates-formes d’entreprise dédiées à la médecine virtuelle émergent, afin de renforcer les capacités en médecine virtuelle de manière globale. Un nombre croissant de directeurs des systèmes d’information en santé prévoient d’investir dans ce type de plate-forme. Certains experts du secteur prévoient que le nombre de rendez-vous virtuels aura dépassé d’ici 2023 le nombre de rendez-vous en présentiel, ce qui bouleversera le domaine des soins cliniques et celui des technologies de l’information pour la santé.

Les solutions de surveillance des patients à distance sont un exemple de ce type de plate-forme virtuelle, et leur adoption se généralise très rapidement. La surveillance des patients à distance peut contribuer à réduire le nombre d’admissions ou de réadmissions de patients en convalescence et de patients à risque car souffrant de maladies chroniques.

Le système de santé de la région des Pouilles, en Italie, a par exemple recours à une plate-forme de soins virtuels. Cette région a mis en place des unités spéciales, nommées USCA (« unités spéciales de soins de continuité »), qui permettent aux patients de bénéficier de soins coordonnés et à domicile. Ces unités ont initialement été créées pour accompagner les patients atteints de cancers et de maladies rares. Leur rôle a ensuite été étendu au suivi à domicile des patients placés en quarantaine, qui sont fragiles sans pour autant nécessiter une hospitalisation. Les nouveaux outils numériques permettent un tri rapide, et permettent aux médecins généralistes, ainsi qu’aux médecins chargés de la coordination des soins au sein du centre de contrôle régional, de suivre les patients de manière sécurisée, simple et efficace. Par exemple :

• Une application web permet d’établir un auto-diagnostic préalable. Les questionnaires sont ensuite examinés par des médecins généralistes, qui contactent le patient en cas d’inquiétude. Les médecins généralistes peuvent procéder à un tri préalable grâce à une téléconsultation. L’objectif est de maîtriser le nombre de patients dans les hôpitaux.
• Un portail web sécurisé destiné aux organisations de santé permet à ces organisations d’analyser et de catégoriser les informations fournies par les patients selon leur niveau de sévérité et de risque. Cela permet aux équipes des USCA de prévoir des interventions spécialisées à domicile, allant du dépistage au traitement.
• Un service de télésurveillance permet aux prestataires de santé de surveiller l’état du patient, et ainsi de réduire les risques de dégradation non maîtrisée de son état de santé.

Faire le lien entre le nouveau et l’ancien

• Ce mouvement vers l’avant est fondamental. Il est désormais nécessaire de mettre l’accent sur l’intégration de ces nouveaux processus avec les systèmes administratifs et cliniques, ainsi qu’avec les portails dédiés aux patients et au personnel.
• La principale tendance du secteur de la santé aujourd’hui consiste à compléter les capacités du dossier patient informatisé par une plate-forme de santé numérique moderne, permettant d’organiser les soins de santé de manière plus agile et plus innovante. La première étape vise à s’assurer que la plate-forme peut déclencher et recevoir des alertes personnalisées selon les besoins individuels de chaque patient, et peut mettre en place les interventions correspondantes. Plus l’intervention basée sur ces alertes personnalisées a lieu rapidement, plus l’impact sur les résultats du patient sera positif.
• Il est également important de pouvoir disposer d’informations agrégées, ainsi que d’outils d’analyse basés sur l’IA, pour proposer davantage de valeur. En réalité, les organisations disposeront probablement de plusieurs outils afin de garantir la fluidité du parcours du patient. Ce parcours doit cependant être tout aussi fluide en coulisses. Cette possibilité est désormais offerte par des plates-formes modernes et des architectures hétérogènes, similaires à celles de Google, de Facebook et de milliers d’autres acteurs.
• Soyez prêts ! La médecine virtuelle, les plates-formes numériques mobiles d’engagement patient, la collaboration et la coordination des soins grâce à une plate-forme solide et interopérable, sont les ingrédients numériques essentiels des modèles de soins du futur.

À propos de Catherine Barras :
Catherine dispose de plus de 17 ans d’expérience dans le secteur de la santé et de 25 ans d’expérience dans celui des technologies de l’information. Elle s’est notamment spécialisée dans le conseil, l’innovation, la stratégie et l’étude de cas, dans le domaine de la transformation numérique de la santé. Catherine dirige aujourd’hui les services de Consulting et de Solutioning de Dedalus au niveau mondial. Catherine dirigeait auparavant les services de conseil de DXC dans le domaine de la Santé et des Sciences du vivant, ainsi que les activités de Hewlett-Packard Enterprise (HPE) dédiées au secteur de la santé en Europe et au Moyen-Orient. La passion de Catherine est d’aider les clients à transformer leurs soins pour les rendre plus efficaces, et à obtenir de meilleurs résultats, grâce à des technologies innovantes, tout en développant et en mettant en œuvre des programmes de transformation numérique et des stratégies informatiques.

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